La paix est-elle possible sur notre terre?

Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux. Heureux les affligés, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils hériteront la terre. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les purs du coeur, car ils verront Dieu. Heureux ceux qui font la paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux. Heureux êtes-vous, chaque fois qu’on vous insulte, qu’on vous persécute et qu’on dit contre vous toute méchanceté, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous (Matthieu 3 : 3-12 Traduction à partir du texte grec).

Ce texte de l’évangile est appelé les « Béatitudes ». Il inaugure le Sermon que Jésus a prononcé sur la montagne. Il a lieu après son baptême par Jean Baptiste, au début de son ministère, et est adressé à ses disciples et à une large foule. La montagne se situe dans la région des environs de Capharnaüm et du lac de Tibériade. Les Béatitudes insistent sur huit aspects de la personnalité du croyant dans sa relation à Dieu et aux autres. Le comportement décrit dans les Béatitudes manifeste les caractéristiques du Royaume de Dieu. Parmi ces caractéristiques se trouve la paix : Heureux ceux qui font la paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Quand on regarde notre monde ici et là, que de conflits, que de guerres, que de victimes du terrorisme, que de blessés, que de morts ! Les différences de régimes politiques, les intérêts matériels et économiques divergents, les dictatures, l’aspiration de peuples à la démocratie et à la liberté, la domination de grandes puissances, l’exploitation des pays du Sud par les pays du Nord, les revendications territoriales, religieuses, culturelles et identitaires, les machinations, l’injuste répartition des richesses entre États et à l’intérieur des États… : autant de sources de souffrances, d’affrontements, de tensions et de violences.

Nous rêvons tous d’une société et d’un monde pacifiques, mais la réalité est toute autre. Le Sermon sur la montagne s’ouvre par une proclamation du bonheur : Heureux. Le bonheur énoncé est déjà présent, mais son accomplissement définitif est dans le Royaume à venir. C’est une déclaration de grâce adressée aux hommes, aux femmes et aux peuples de ce monde, invités à être ici et maintenant des artisans de paix. L’adjectif « faiseurs de paix » n’apparaît dans la Bible que dans ce texte de Matthieu. Mais le thème de la paix y est fréquent. La paix, c’est le message des anges à l’humanité à la naissance de Jésus         (Luc 2 : 14). La paix, c’est le cadeau de départ que le Christ laisse aux siens (Jean 14 : 27). La paix, c’est le premier message du Christ ressuscité aux disciples enfermés dans leur peur (Jean 20 : 19,21). Il s’agit de la paix avec Dieu, avec les autres et avec soi-même. Cette paix concerne tous les domaines de la vie susceptibles de produire de la violence : relations familiales, sociales, politiques, économiques…

Le monde a aussi sa paix et sa manière de la donner, ou plutôt de la garantir par la domination, les prises de pouvoir, les alliances, les remises à l’ordre, les représailles, les guerres… Quand Jésus parle des artisans de paix, il a l’expérience de la pax romana, une paix imposée par l’Empire romain, une paix qui n’est exempte ni de conflits, ni de domination, ni d’expansionnisme territorial, ni de compétition, ni d’exclusions sociales, ni d’intérêts économiques et politiques… Jésus propose une paix bien différente de celle que le monde pourrait donner, car elle a son origine et son point culminant dans un amour désintéressé et dans le service aux autres. Cette paix nouvelle, qui n’est pas de ce monde, peut être présente dans le monde, dans la mesure où elle est vécue et diffusée.

Ceux que Jésus déclare « heureux » sont ceux dont toute l’attitude permet de véritables réconciliations. Ce sont ceux qui font la paix, la vivent, la diffusent au niveau des relations humaines, familiales, sociales, internationales… Puisque la violence est cachée en chacun de nous, chacun est invité à être un artisan de paix là où il se trouve. La vraie paix est parfois un trésor qui coûte. L’histoire nous donne des exemples de personnes qui ont donné leur vie pour la paix. L’apôtre Paul dit : S’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes (Romains 12 : 18).

Pasteur Lendo MAKUNGA de l’Église protestante unie du Kremlin-Bicêtre

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