(1ère lettre de St Paul aux Thessaloniciens, chapitre 5, verset 2)
un appel à la vigilance et à la responsabilité !
Cette fin du mois de novembre correspond, pour les chrétiens, à la fin d’une année liturgique. C’est l’occasion pour eux d’accueillir des textes bibliques qui, en évoquant la fin du monde et le jugement dernier, nous incitent à la vigilance. C’est ainsi que la célèbre parabole des talents (évangile selon Matthieu, 25, 14-30) explicite de manière imagée le fondement de cet appel à la vigilance : le maître de la parabole est parti en voyage. Il n’est plus là pour donner quotidiennement ses consignes à ses serviteurs. Et toute la question est de savoir, en attendant son retour, comment gérer son absence, que faire des richesses qu’il nous a confiées.
Cette parabole évoque directement un surprenant et douloureux constat : l’apparente absence de Dieu. Dieu ne semble pas là quand on a besoin de Lui.
Notre planète est traversée de contradictions : ici on meurt de faim ou des séquelles de la malnutrition et du manque d’hygiène, là on déverse devant les préfectures des excédents alimentaires qui font chuter les cours ; ici on sacrifie des enfants jugés trop nombreux ou gênants en adoptant l’avortement comme méthode contraceptive, là on s’acharne à fabriquer des bébés à coups d’onéreuses procréations médicalement assis; ici on s’ingénie à prolonger la vie, là à la raccourcir en plaidant pour l’euthanasie; ici on s’épuise en négociations de paix, là on fabrique et on vend des armes pour, dit-on, sauver des centaines de milliers d’emplois et équilibrer le commerce extérieur. Ce ne sont là que quelques-unes des très nombreuses contradictions dans lesquelles l’espèce humaine se débat, et on aimerait bien que la simple lecture de l’Évangile dicte à chacun ce qu’il a à faire… mais les choses, en chacun de ces domaines, sont loin d’être claires tant les enjeux et les intérêts des uns et des autres sont divers et embrouillés.
La parabole est d’actualité : nous vivons le temps de l’absence de Dieu. Ou plutôt, pour ses disciples, la présence du Christ Ressuscité est encore tellement cachée qu’il leur faut prendre au sérieux, jusque dans leur foi, cette extrême discrétion de Dieu qui doit se retirer, comme le maître dans la parabole, pour que les hommes puissent réellement assumer les responsabilités qu’il leur confie. Elle est dure, et pourtant je l’aime, cette apparente absence – disons cette discrétion – de Dieu.
C’est en effet le prix à payer pour notre liberté et notre responsabilité. C’est le mystère de l’Ascension… Jésus qui se retire. C’est une vraie liberté que Dieu nous donne. Il n’a pas écrit d’avance le scénario de notre vie et il n’a pas l’habitude de réparer nos erreurs ! Oui, l’Évangile nous invite à être vigilants sur la marche du monde… parce que nous en sommes responsables ! Oui, l’Évangile invite chacun à vérifier le sens qu’il donne à sa vie… parce que chacun en est responsable !
Alors, en attendant le retour du Seigneur, que ferons-nous de cette histoire qui nous est offerte? Notez que notre réponse pratique à cette question donnera une certaine image de Dieu… Avez-vous remarqué que, dans la parabole, c’est comme par hasard celui qui a peur, celui qui n’a pas voulu prendre de risque et qui a enfoui son talent en terre, qui se fait de Dieu l’image la plus atroce : « un homme dur, qui moissonne là où il n’a pas semé, qui ramasse là où il n’a pas répandu le grain » ! Autrement dit, dis-moi ce que tu fais de ta vie… je te dirai quel est ton Dieu ! Si tu te replies sur toi-même, si tu refuses de continuer la création en mettant en service tous tes talents reçus, tu risques fort de ne jamais découvrir – et à fortiori de ne jamais révéler ! – le Dieu qui aime et ne désespère jamais de l’homme. La meilleure chance pour toi de découvrir le Dieu ami de la vie, c’est d’aimer toi-même la vie, de n’être ni endormi ni timoré. N’aie peur ni de tomber ni de te tromper ! Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas, mais ceux-là, nous dit la parabole, ne sont pas prêts de découvrir le vrai visage de Dieu.
Philippe LOUVEAU, Eglise catholique à Villejuif