Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. En lui, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui. Dans son amour, il nous a prédestinés par Jésus-Christ à être adoptés, selon le dessein bienveillant de sa volonté, pour célébrer la gloire de sa grâce qu’il nous a accordée en son bien-aimé.[1] (traduction de la nouvelle version Segond révisée)
De même que Philippiens, Colossiens et Philémon, l’épître aux Éphésiens appartient aux lettres dites des « captivités », écrites par Paul quand il était en prison à Rome. Le passage d’Éphésiens chapitre 1 verset 3 à 6 constitue une seule phrase en grec. Il fait partie du texte d’Éphésiens chapitre 1 verset 3 à 14 qualifié de « bénédiction ». La bénédiction est un thème très important de toute la Bible. Mais la TOB (Traduction oecuménique de la Bible) préfère l’intituler une grâce sans limite.[2] Comme le fait remarquer la TOB, Dieu est sujet des verbes ; son action se trouve rythmée par les en Christ (en lui)… La bénédiction de Dieu est considérée sous ses aspects successifs mais inséparables : élection (4-5), délivrance (rédemption) (6-7), récapitulation (8-10), héritage promis (11-12), don de l’Esprit (13-14). Ces thèmes appartiennent au vocabulaire de l’alliance dans l’A.T. [Ancien Testament]. Dans ce texte d’Éphésiens, Dieu est l’auteur de la bénédiction en Christ. Cette bénédiction commence par l’élection aux versets 4 et 5.
L’élection est un sujet central de la Bible. Elle est gratuite et dépend de la grâce de Dieu qui décide en toute liberté et souveraineté, agissant sans condition préalable. L’élection dévoile quelque chose du projet de Dieu pour l’humanité. Quand les humains parlent des élections, c’est le peuple qui choisit ses dirigeants. Les Français vont élire un nouveau président de la République. L’élection est l’exercice démocratique que les citoyens effectuent pour choisir leurs gouvernants. Quand on entre dans l’isoloir, on met son bulletin de vote dans l’urne en son âme et conscience. Les choix politiques sont personnels ; voter ou ne pas voter est une grande responsabilité. Un discernement est nécessaire car les questions que pose la foi en ce moment-là ne sont pas moins essentielles.
La France est un pays laïque, il n’existe pas de politique chrétienne, ni de programme chrétien. Aucun candidat n’a jamais été élu avec le programme du Sermon de Jésus sur la montagne en Matthieu chapitre 5 à 7. Mais cela ne signifie pas qu’il ne faille pas voter pour accomplir son devoir de citoyen. Un des indicateurs importants qui peut le guider dans ses choix, c’est la place réservée à l’autre : le faible, le vulnérable, le petit, le blessé de la vie, le méprisé, l’oublié, l’exclu, le menacé, le sans voix, le sans défense, l’immigré, le demandeur d’asile… Ce message-là est au cœur de l’Évangile. L’égoïsme et les intérêts personnels ne sont pas les seuls critères de choix des candidats.
Dans la Bible, quand on parle de l’élection, le mouvement est inverse parce qu’il ne s’effectue pas du peuple vers ses représentants qu’il élit, mais de Dieu vers le peuple. Dieu nous choisit pour nous associer à son projet d’amour pour l’humanité. Quand il y a des élections, nos choix sont souvent dictés par les critères suivants : le contenu du programme du candidat ou de la candidate, son éloquence, son appartenance à tel parti ou mouvement, son apparence physique, sa personnalité, ses qualités… Mais avec Dieu, les critères sont différents parce qu’il ne nous choisit pas à cause de nos qualités ou de nos oeuvres. Son choix dépend de sa seule grâce. Aucun mérite, aucune valeur personnelle ne le justifient. L’élection n’est pas une sélection, un choix arbitraire. Ce n’est pas le privilège de quelques-uns. Tous les humains sont des élus, étant égaux devant Dieu. Son élection n’a pas pour but d’exclure, mais d’inclure, et elle ne provoque pas de rivalité. Dieu nous a tous élus pour annoncer une parole d’amour et de paix et non de haine, et pour servir et non se servir.
Pasteur Lendo MAKUNGA de l’Église protestante unie du Kremlin-Bicêtre
[1] . Ephésiens chapitre 1 verset 3 à 6.
[2] . La TOB est une traduction de la Bible, certes, mais elle donne des titres aux passages bibliques et des commentaires interprétatifs à certains textes en note de bas de page.